Causses & Cévennes - sud Massif Central

Causses Cévennes

Vacances sur le territoire des Gorges, Causses & Cévennes

Légendes médiévales

Castelbouc

Le Père Louvreleul cite au début du 18 me siècle dans ses " Mémoires historiques sur le pays de Gévaudan " Castelbouc parmi les sept merveilles du Gévaudan, grâce à une vaste grotte au milieu d'une chaîne d'autres rochers, dont on fit un four si grand et si vaste "qu'avant qu'on en ait fait le tour, le pain qu'on y met est déjà cuit"(p.127) .
Une autre version de l'histoire, bien plus marrante est celle du poète Louis Jourdan qui a embelli cette légende dans son petit recueil "Aux Gorges du Tarn" (Paris, Lemerre, 1894).
Pour un poète, la légende était facile à construire,


Castelbouc : château du bouc.

" Alors tous s'en allaient : rois, évêques, barons
Gueux des communes, serfs de la glêbe, larrons
Malandrins, tous, la Croix Blanche entre les épaules Pêle-mêle...

Seul du haut de sa tour qu'un grand roc dresse anxieux
Surplombant au-dessus d'une bourgade agreste
Quand la troupe passa Raymond *cria "je reste"...
Moi le haubert m'étouffe et le casque m 'assomme...

Une honte le prit d'être inutile, seul
En son castel ainsi qu'un ours en sa tanière
Et le cœur débordant de sève printanière
Il descendit au bourg tapi sous le rocher
Or les femmes voyant leur seigneur approcher
L'entourèrent disant "Ah ! que tristes nous sommes
Filles sans nos galants, épouses sans nos hommes
Que mornes sont les jours, que longue sont les nuits !"

Le cœur du banneret mollit comme une cire...
Oui dit-il de vos maux je connais le remède
Je vous consolerai toutes si le ciel m'aide...
Et le Castel passa lieu de pèlerinage......

Une vieille lui dit : "Cela finira mal
A l'user de la sorte on crève l'animal I .."

- O Vieille, fit Raymond, à peine le festin
Commence et tu voudrais que je lève la table?...

Mais la meilleure chose est de peu de durée
Et ce régal trop court ne fut qu'une curée
Où la femme croqua jusqu'au dernier lambeau...
Pauvre Raymond ! Un soir hélas, comme un flambeau
Qui jette en expirant une plus vive flamme,
Dans un effort suprême et doux, il rendit l'âme.

Son cadavre fut mis en terre sans le prêtre.
Et la vieille conta qu'elle avait vu paraître
La nuit suivante, sur le roc où le manoir
S'élève, un animal étrange, velu, noir
Un grand bouc qui poussait des bêlements infâmes
Dardait vers la bourgade où reposaient les femmes
L'éclat de son regard fixe et concupiscent...
Et la vieille ajouta : "C'est l'âme de Raymond"...

Depuis lors on entend, la nuit, sur ces sommets
Où le donjon crevé porte au front des ramures,
Un bêlement suivi par d'étranges murmures.
Et les veuves, songeant aux veuves de jadis,
Se signent et tout bas disent : "De profundis".

* le seigneur

La légende des Barons du Gévaudan

 

"Un jeune homme d'honnête condition, originaire de Mende, prit envie d'aller à Paris pour y trouver meilleure fortune. Il fut envoyé à la Cour du Roi de Hongrie. Il remplit sa mission avec tant de zèle qu'il devint le confident du roi. Ses entrées au Palais royal lui ouvrirent le cœur de la fille unique du roi. Mais de ce mariage il n'en fallait parler, l'héritière du trône de Hongrie ne peut épouser un berger du Gévaudan.

L'infortuné prétendant n'eut d'autre ressource que d'enlever celle qu'il aimait. Persuadé de la noble extraction de son amant, la jeune fille ramassa, certain soir, bijoux, bagues et joyaux et se retirant dans sa chambre sous prétexte de dévotion pour éloigner la sollicitude encombrante des serviteurs, sortit en secret et rejoignit le lieu du rendez-vous dès la nuit venue. Le jeune homme l'attendait et chevauchant sans arrêt amena sa fiancée clandestine en Gévaudan.

Ils se mirent en ménage, et eurent sept enfants mâles..
Mais les ressources manquèrent rapidement, force fut aux jeunes époux de mettre très tôt leurs trois aînés en apprentissage. Le premier fut destiné à être charpentier, le second maçon, le troisième tourneur..

Le Roi de Hongrie recherchait sa fille. Il pensa que le jeune homme qui avait disparu en même temps que celle-ci, pouvait bien être l'auteur du rapt. Il fit route vers le Gévaudan. Dès qu'il eût connaissance de l'arrivée du Roi, le jeune homme prit la fuite et se retira dans un nid d'aigle à la cime d'un rocher escarpé. Mais le hasard voulut que deux capitaines de la garde royale fussent logés dans sa maison.

La princesse, de peur d'être reconnue, ne se montrait point. Le roi l'apprit et voulut connaître si cette femme avait sujet de se plaindre de ses deux capitaines. Il la fit appeler devant lui. La jeune femme obéit et reconnaissant le roi son père implora à ses genoux humblement pardon. Le roi pardonna et sa fille et son gendre. Les enfants lui furent présentés, les trois aînés avec leurs outils : le charpentier avec une hache, le maçon un marteau, le tourneur un tour...

Le roi ne voulut point retourner en Hongrie, il abandonna ses titres et acheta le pays de Gévaudan qu'il fit ériger en comté. La couronne comtale fut pour son gendre, il se réserva l'évêché. A la mort du comte, l'évêque retira l'évêché et le comté pour lui, laissant les sept baronnies aux fils du comte. Pour cette raison, le premier des barons du Gévaudan porte dans ses armoiries une hache, c'est le baron d'Hacher (Apchier), le second un marteau pour couper les pierres, le baron de Peyre, le troisième une tour, le baron du Tournel. Les quatre autres : Randon, Canilhac, Cénaret, Florac prirent le nom de la terre qui leur était dévolue.. ."

Ainsi, d'après la légende, la huitième baronnie du Gévaudan, celle de Mercoeur, dont les limites s'étendaient à l'Auvergue, serait d'institution plus récente (51)

D'après Catel : "Mémoires de l'histoire de Languedoc" liv. 3. reproduit dans Ann. Loz., 1884.

La Dame de Séjas

....La tradition populaire rapporte l'implacable vengeance d'un seigneur de Séjas - château situé dans la commune de Montrodat près du chemin qui mène à La Grange - contre sa femme convaincue d'adultère. Ce seigneur ayant été persuadé au retour d'un long voyage de l'infidélité de son épouse, en fut si irrité qu'il résolut de venger cet outrage par la mort du séducteur.
En attendant que le moment fut propice, il fit lier et garrotter la malheureuse et sans autre forme de procès la fit précipiter du haut d'un énorme rocher qui, depuis, se nomme le Rocher de Madame et qui se trouve situé sur le petit sentier allant de Séjas à Montrodat.

D'après Denisy "Notice sur le canton de Marvejols", Issoire, Caffard, 1878, p. 189.

Les Faucons du baron de Cénaret

Le seigneur de Cénaret, près de Barjac, aimait beaucoup la chasse aux faucons. Un jour il organisa avec les seigneurs voisins une chasse générale.
Pendant que tous ripaillaient, un énorme faucon vint enlever sous les yeux des convives la petite fille du baron qui jouait sur la terrasse du château. On repéra l'endroit où le rapace avait déposé l'enfant et il fut bien malaisé de l'atteindre et de le sauver.

J.Barbot, "Contes lozériens", p. 92. R. de Saboulin-Bollena "Légende de Cénaret" in Bull Mythologie Franc, juillet sept. 1984 p. 27.30

Les Fantômes du Tournel

Le château du Tournel, dont les ruines imposantes dominent la haute vallée du Lot, garde encore bien des secrets. Elles vous inviteront à évoquer la triste légende de Yolande et d'Aymeri

Le Seigneur du Tournel allant guerroyer au service du roi, prit avec lui son page Aymeri, laissant au château Gilette, l'épouse fidèle et Yolande sa belle suivante promise au page. Aymeri revint seul au château annonçant la mort du chevalier. Aymeri délaissa Yolande et voulut épouser Gilette ; folle de douleur, la fiancée délaissée, jurant de se venger, arracha, au cours du festin, la dague à poignée d'or du traître et la plongea dans le cœur du parjure puis de la lame sanglante se frappa à son tour. Le lendemain, des messagers rapportèrent que le baron avait en fait été tué par son page qui devait expier son forfait de leurs mains.
Il était trop tard... mais Gilette, folle de rage, fit pendre le cadavre d'Aymeri qui, de mémoire d'homme, se balança longtemps au gibet du château
Dr Barbot

C'était du temps où les guerres de religion partageaient en deux camps hostiles les gens du Gévaudan. Les protestants s'étaient emparé du château du Tournel, chassant les défenseurs et les hommes du village.
Seules les femmes avaient obtenu de rester dans leur maison. Elles se présentèrent toutes un jour à la même heure aux portes du château, prétextant que c'était jour de lessive. Elles furent admises à pénétrer dans l'enceinte et prirent tout le linge sale qu'elles trouvèrent comptant, ce faisant, le nombre des soldats et remarquant l'endroit et le moment où la garde se prenait.
Elles descendirent à la rivière, lavèrent puis étendirent au soleil tout le linge et le soir elles remontèrent au château. La lourde porte s'entr'ouvrit. Mais au même instant, les soldats du parti adverse, prévenus par les lavandières, cachés dans tous les recoins, se précipitèrent à l'intérieur du château, firent grand carnage d'ennemis et hissèrent sur la plus haute tour l'étendard du baron.

M. Massador, ancien maire de Saint-Julien-du-Tournel, 1970.

Les deux chiens de Canilhac

A Canilhac existent encore les ruines d'un château, siège d'une des huit baronnies du Gévaudan, aux frontières du Rouergue.

Ermengarde, douce et vertueuse, avait épousé Geffroy de Montaigut, avare et cruel.
Il partit en quête d'aventures, pendant que sa femme faisait prospérer le bien familial. Geffroy revint n'ayant que l'idée de s'emparer du trésor accumulé durant son absence. Un soir, il se présenta, haineux et la dague au poing, devant la douce Ermengarde qui en tomba raide d'effroi. Geffroy fit transporter son corps dans les sous-sols du château. C'était sans compter sur le flair des deux limiers fidèles qui découvrirent la cachette. Un serviteur ramena dans sa chambre Ermengarde qui n'était qu'évanouie. Elle reprit conscience et, le soir, se présenta dans l'appartement de son époux. Geffroy, fou de rage, voulut s'élancer contre elle mais les dogues le devançant s'élancèrent contre lui et eurent tôt fait de mettre en pièces les chairs du seigneur maudit et dévoré par les vautours. Ermengarde n'oublia pas ses chiens fidèles Ils moururent de vieillesse et en leur honneur elle décida d'abandonner le nom banni de Montaigut pour celui de·Canilhac qui signifie : deux chiens liés ensemble (duos canes ligati).